Campagne de sensibilisation radiophonique sur l’interface animal-homme

Rosa : Salut Jean, je suis contente de voir que tu es de retour au village. Tu n’es plus malade !

Jean : Salut Rosa, mon combat contre Ebola n’a pas été facile, mais passer du temps au centre de traitement m’a vraiment donné le temps de réfléchir.

Rosa : Réfléchir ? À quoi ?

Jean : Rosa, si je n’avais pas ramené cet animal mort de la forêt, je n’aurais pas mis en danger ma santé et mon village. C’est moi qui ai apporté le virus dans le village ! Tout le monde est tombé malade à cause de ce que j’ai fait.

C’est le type d’échanges que vous pouvez entendre sur les stations de radio locales des territoires ruraux de Guinée et de la République démocratique du Congo. Dans les zones forestières tropicales, il existe un risque d’exposition plus élevé des populations aux maladies transmises par le contact avec des animaux sauvages vivants et par la consommation de viande d’animaux sauvages. Les animateurs radio ont été formés à l’utilisation du guide de production radiophonique, que nous avons élaboré en 2021 dans le cadre du Projet EBO-SURSY, financé par l’Union européenne. Ce guide a également été utilisé pour former de jeunes journalistes et leur fournir des outils pratiques pour la production d’émissions de radio permettant de sensibiliser les populations aux fièvres hémorragiques virales, par exemple Ebola ou la fièvre de Lassa, ainsi qu’à leurs voies de transmission. Les émissions encouragent les membres de la communauté à consulter les vétérinaires avant de consommer des animaux chassés localement et à alerter les autorités responsables de la faune sauvage s’ils trouvent des animaux morts ou malades dans la forêt. La radio étant souvent le meilleur moyen de communiquer des informations cruciales aux populations isolées, ce guide est essentiel pour aider les professionnels de la radio à diffuser des connaissances sur les mesures de prévention des maladies à ceux qui vivent à l’interface avec la faune sauvage et son habitat.

La radio, un lien précieux entre les populations isolées et le reste du monde, favorise également les commentaires de la part de la communauté. En sensibilisant et en améliorant les connaissances relatives à la propagation des maladies, la campagne radio encourage les populations à adopter les meilleures pratiques pour réduire le risque de transmission des maladies et à devenir des membres proactifs du système de surveillance de leur communauté.

Renforcer la surveillance et la gestion des zoonoses au niveau local

Le Projet EBO-SURSY, l’une des initiatives principales de l’Organisation mondiale de la santé animale portant sur la faune sauvage, vise à améliorer les systèmes d’alerte précoce et à prévenir la propagation des fièvres hémorragiques virales (notamment Ebola, la fièvre de Lassa, la maladie à virus de Marburg, la fièvre de la vallée du Rift et la fièvre hémorragique de Crimée-Congo) entre animaux et humains.

En Guinée, à la suite d’une alerte relative à la maladie à virus Ebola en 2021, une mission d’enquête rapide et efficace a été déployée dans la faune sauvage grâce aux activités menées par le Projet EBO-SURSY depuis 2017. Ces activités comprennent la formation continue des agents des institutions nationales, à la fois sur le terrain et dans les laboratoires, ainsi que l’établissement de partenariats multisectoriels solides à différents niveaux. La Guinée peut désormais compter sur des équipes nationales de terrain réactives et hautement qualifiées, capables de réagir rapidement pour déclencher des mécanismes d’alerte contre les foyers et améliorer la réponse à d’autres foyers de maladies zoonotiques, par exemple le COVID-19.

La déforestation entraîne une perte d’habitat pour la faune sauvage, ce qui augmente la probabilité de contact entre des animaux sauvages déplacés, le bétail et les populations humaines.

Renforcer notre cadre en faveur de la santé de la faune sauvage

Le Projet EBO-SURSY est un exemple des efforts que nous avons déployés pour aider nos Membres à se préparer aux risques sanitaires à l’interface animal-homme-environnement. Ces risques augmentent avec la multiplication des contacts entre les humains, la faune sauvage et le bétail du fait d’activités humaines non durables telles que la déforestation, qui entraînent la perte et la fragmentation de l’habitat de la faune sauvage.

Parce que les Services vétérinaires jouent un rôle essentiel pour prévenir l’émergence de maladies et pour garantir la sécurité alimentaire et la sécurité sanitaire des aliments, l’OMSA et ses Membres ont adopté des mesures en 2021 (Résolution 31), lors de la 88e Session générale, afin d’aider les Services vétérinaires à atteindre une résilience « Une santé ». Cette Résolution met l’accent sur l’importance de développer, d’améliorer et d’investir dans la gestion de la santé de la faune sauvage, de renforcer les partenariats existants dans les secteurs de la faune sauvage et de l’environnement ainsi que de mettre en œuvre l’approche « Une santé ».

Nous travaillons donc à la transformation du Cadre en faveur de la santé de la faune sauvage élaboré en 2020 en un programme fonctionnel qui créera un cadre politique, décisionnel et scientifique pour renforcer les stratégies « Une santé ».

Cela permettra aux Services vétérinaires de mettre en œuvre un suivi et une surveillance efficaces de la santé de la faune sauvage afin de gérer le risque d’émergence de maladies et de protéger la santé des espèces sauvages. Et en protégeant la santé des animaux sauvages, nous contribuons à protéger la santé du bétail et des humains.